Un voyage, c’est avant tout énormément de surprises, et indéniablement, l’Ethiopie en a été une, et pas du tout une mauvaise, loin de là !
Lorsque je rencontrais d’autres voyageurs, le sujet revenait souvent sur la table : c’est vrai qu’en Ethiopie les gens sont très peu accueillants et les enfants jettent des pierres sur les voyageurs ? La réponse a toujours été positive…toujours.
Et bien, pour une fois, un overlander dira le contraire : je n’ai pas reçu une seule pierre, pas un jet de quoi que ce soit, aucun comportement agressif de la part des Ethiopiens. Au contraire, l’Ethiopie a été le pays le plus chaleureux et accueillant de mon voyage jusqu’à présent !
La frontière : Moyale
Premier passage pour entrer dans un pays, mais celui là aura été particulier. Déjà d’une part, parce qu’à Moyale coté kényan, alors que j’étais dans une guesthouse, le soir, j’entends des coups de feu dans la rue d’à-coté…mais pas de panique selon les locaux, c’est normal, ça arrive tous les soirs…normal.
Du coup, le lendemain, je suis content de passer la frontière et de pouvoir m’éloigner de cette zone de conflit, sauf que…
Sauf que, si coté kényan on me laisse partir, on a juste oublié de me dire que coté éthiopien, c’est jour férié ! Enfin, jour férié où uniquement la douane est fermée, mais pas l’immigration, c’est à dire que mon passeport est tamponné, mais je ne peux pas importer Lasty ! Je suis donc coincé à la frontière, et je dois attendre le lendemain que ça ouvre…
A noter qu’en Ethiopie, par équité, on fait les jours fériés chrétiens (orthodoxes) et musulmans, pas de jaloux comme ça ! Et plus de jours fériés, donc moins de boulot…ils ont tout compris eux !
A noter aussi que le 23 décembre, jour férié, correspond cette année à la naissance du Prophète Mahomet (que la Paix soit avec lui…private joke, Hyon comprendra), soit quasi le même jour qu’un autre prophète d’une autre religion qu’on connait bien…hasard du calendrier dans une période de tension religieuse…
Je fais la connaissance d’autres motards, sud-africains, qui ont commencé leur voyage 10 jours plus tôt…ils ont donc fait presque 10000k en 10 jours ! Et John, un éthiopien qui parle un peu français, qui m’offre un café…
Le lendemain, une fois que tout est en règle, que j’ai réussi à trouver de l’argent, je peux acheter une carte SIM, quelques provisions, et en route…ah oui, mais pour faire les courses, ça se complique, je comprends rien de ce qui est écrit…heureusement qu’il y a les photos, sinon comment comprendre que c’est un magasin ?
Et oui, d’entrée de jeu, l’Ethiopie c’est ça : une culture à part, avec sa propre langue (amharique), sa propre écriture, sa propre religion (église orthodoxe éthiopienne) et sa propre cuisine ! Et encore d’autres choses dont on parlera plus tard, un jour…
Et parlant de bouffe, on aime trop ça avec Hyon, voici une autre belle surprise du pays !!!
Le Tibbs !!!!!!!!!! Pas cher (environ 2 euros), c’est que de la viande sautée avec des épices, et des enjira, sorte de crêpe, mais c’est pas des crêpes, ça en a que la forme…c’est fait à base de Tef (une céréale locale), et ça remplace le pain. Dans ce plat, ici, on trempe les enjira dans la sauce qui arrache bien, et on savoure !!! Amis végératiens, s’abstenir, ici c’est que de la viande, enfin avec 1 ou 2 piments pour faire office de légume (pis de toute façon j’ai pas d’amis végétariens…). Si vous n’aimez pas la cuisine qui pique, vous n’aimerez pas la bouffe éthiopienne.
Bon, c’est pas tout, mais du coup, c’est le 24 décembre…alors qu’en occident on s’active pour Noël, ici, pas du tout, car le Noël orthodoxe, c’est début Janvier…mais pour moi, il est temps d’avancer un peu plus que la frontière…
Konso
On m’a prévenu, la route directe pour Addis est pourrie, donc prendre la route via Konso, qui est meilleure. Ca tombe bien, c’était dans mes plans de toute façon.
Mais ce jour-là, je m’offre mon cadeau de Noël un peu en avance : plus de 100km de piste magnifique !
Des paysages magnifiques, montagneux, réhaussés par des jeux de couleurs très variant car le temps est changeant ; une piste roulante et plaisante à rider, des passages techniques, des traversées de rivières (bon, par contre, en moto, ca mouille les pieds…), des passages rapides…bref, on s’éclate (Lasty et moi).
Bon, faut faire attention des fois, car on n’est pas tout seul ici…
Priorité aux locaux, y compris les animaux…et ici, le plus dangereux sur route ou piste, c’est bien la faune locale ! Et surtout les ânes…que c’est con un âne…de loin l’animal le plus dangereux sur la route ! Un âne, ça traverse pas la route, non, ça se met au milieu de la route, et ça bouge plus, même si vous lui arrivez dessus. J’ai même tenté d’en pousser un doucement pour voir, bah il a même pas bougé…bref
Enormément de plaisir à rouler ici, mais mine de rien, c’est fatiguant…Et comme c’est la veille de Noël, je m’offre un peu de confort pour 2 nuits : une hutte traditionnelle ethiopienne revisitée.
Bon, ya pas d’eau chaude et l’électricité seulement quand ça veut, mais bon, y’a un lit avec des draps blancs et propres, et ça, c’est du luxe !
Konso, c’est une petite bourgade classée par l’UNESCO. Konso désigne une ville, un peuple, une langue. En Ethiopie, on compte pas moins de 82 « nations », comme ils disent, notion encore plus forte que tribu. Ces nations, dont Konso, possèdent leur propre culture. Ici, à Konso, on reconnait par exemple leur façon d’avoir apprivoiser la montagne pour leur agriculture et leurs rites spéciaux pour les morts.
Par exemple, au décès d’un membre important, on lui érige une statue…
Je vous laisse deviner qui est l’homme et qui est la femme…
Ces statues ont longtemps été pillées, mais petit à petit, sont restituées à l’Ethiopie qui constitue des musées pour les présenter.
Mais il ne faut pas trop trainer dans mon lit confortable, sinon je vais m’habituer, alors je file…
Vers le Nord
En quittant Konso, j’en prends plein les yeux
Je n’arrive pas à me lasser des pistes, et surtout, j’ai moi même du mal à croire que je suis là, à les sillonner au guidon de ma propre moto ! L’Ethiopie c’est assez vert comme pays, et surtout, haut dans la montagne ! Plus je monte vers le nord, plus je monte en altitude !
Que de chemin parcouru depuis le début de ce voyage, et me retrouver là c’est juste incroyable !
A Arba Minch, retour aux bonnes habitudes : le camping !
…mais le voisinage est plutôt sauvage, je croise les doigts très fort pour qu’ils épargnent ma tente…
Arba Minch a une particularité : d’ici, on peut observer 2 lacs en même temps, qui ne sont pas au même niveau. Le soir, lorsque la lune se lève, elle se reflète sur l’un, puis l’autre, et avec ça, les gens arrivent à donner l’heure précise !
Mais attention, l’heure ici est différente…encore une spécificité du pays ! Alors qu’en ce moment, par rapport à la France, on a 2h d’avance, pour les éthiopiens, en heure locale, y’a 6h de différence par rapport à la notation internationale ! Exemple, en France, il est 14h, en Ethiopie selon le fuseau international il est donc 16h, mais selon les éthiopiens il est 10h ! Et je vous parle pas de leur calendrier où on est en 2008…
Bref, en avançant vers Sodo, en route, je croise des voyageurs…
J’ai toujours pensé que les cyclo sont totalement fous…bah oui, vous imaginez faire ça en vélo vous ? Ils sont anglais et font Londres au Cap…ils ont quitté Londres en juillet et sont à la moitié du voyage. Bien qu’ils soient en vélo, ils sont plus chargés que moi : 40kg chacun ! Soit le double de ce que moi je transporte alors que je suis en moto…je vous ai dit, ils sont fous ! Mais un très grand respect pour eux en tout cas.
L’avantage, en vélo, c’est qu’au moins, ils n’ont pas le souci du ravitaillement en essence. Le matin, à Sodo, si tu veux de l’essence, arme toi de patience, car t’es pas le seul…
Mais c’était sans compter sur la gentillesse des éthiopiens : me voyant arriver, ils me laissent passer en premier à la pompe…
Et puis direction…
Le lac Langano
C’est un des rares lacs africains où on peut se baigner ! C’est assez rare pour le dire ! Ici, pas de croco, d’hippo ou de parasites ! Oui, le lac est sûr !
Bon, quand on le voit, on hésite un peu à s’y mettre dedans. Il a la couleur de la Garonne, mais c’est parce qu’il y a pleins de particules en suspension dans l’eau qu’il n’y a pas des trucs bizarres qui vous empêchent de vous baigner (trucs bizarres veut dire qui peut vous bouffer, vous mordre ou vous rentrer sous la peau)…
On se croirait presque dans le sud-ouest de la France hein ? Non ? Pas convaincu ? Il manque un surf pour mieux s’y croire ?
Bon, je vois pas trop ce qu’on peut surfer ici, mais bon, je suis pas un expert…mais il est vrai en tout cas que l’eau est bonne et ça fait du bien ! Non pas qu’il fasse chaud en Ethiopie, mais bon, ça détend après des heures de moto…
Mais surtout, le lac m’offrira une superbe occasion de camper en pleine nature…et de voir le ciel ! Car ici, évidemment, la pollution lumineuse, on connait pas…
Attention, quand vous roulez sur une plage en moto, on a tendance à se planter dans le sable…pensez-y, ça vous évitera des longs moment de solitude à sortir votre moto plantée bien profond dans le sable…
Je sens que Lasty fatigue en tout cas. Ca va faire 10000km qu’on est sur les routes d’Afrique, et, même si pour le moment je n’ai pas eu de souci, je sens qu’elle fatigue. Il est temps de me diriger vers Addis, la capitale. Le minimum que je peux faire, c’est une vidange, la dernière remonte à 5000km, et ça me permettra de voir si tout va bien (si y’a pas des morceaux dans l’huile…)
Vidange à l’africaine : une boite de conserve assez grande, et c’est parti. L’un des avantages d’une moto, c’est que l’entretien et la mécanique sont plus accessibles qu’en voiture, le moteur étant déjà dehors on fait vite le tour pour contrôler 🙂
Bon, évidemment, l’huile de vidange sera re-traitée par la suite : on fera des frites avec…(c’est une blague, évidemment…je précise au cas où…)
Puis comme on est à Addis, la capitale de l’Ethiopie et la capitale de l’Afrique, allons explorer un peu la ville…
…mais ça, c’est dans le prochain épisode !
A bientôt !
Les retraités ont la priorité (ah! ah).Et oui ils n’ont pas grand chose à faire.Mais c’est oublié alors la chanson « USA for Africa « ou le Band Aid Anglais.Bonne route
Y’en a qui s’ennuie hein?
Les retraités n’ont rien à faire et çà se voit , pour certaine personne .
Cà valait le coup d’avoir galéré pour ce visa , alors !!!
C’est quoi ces animaux à côté de la tente ? Des sangliers ? Heureusement qu’ils n’ont pas saccagé ta tente , sinon elle n’aurait plus tenu le coup jusqu’à la fin de ton voyage . Magnifique paysage très verdoyant , en tout cas .
Vivement le prochain article , que l’on attend avec impatience !!!
L’Éthiopie aura été le visa le plus cher, mais oui ça en valait la peine…et le meilleur du récit reste à venir !
Les animaux, c’est des phacochères / pumbas / warthog…c’est pas méchant, mais quand ça court, vaut mieux pas être dans la trajectoire.
L’éthiopie est magnifique en tout cas, et c’est de là que vient l’Homme
Je me suis fait griller la priorité pour le « prem’s » !
Bon mais moi je travaille, hein 😉
C’est quoi, l’animal au milieu du pont ?
…on va croire que y’a personne qui bosse dans cette famille…
L’animal c’est un veau, enfin si on appelle veau un petit zébus ? Faudrait l’avis d’un vétérinaire en service…
C’est bien precisé « vétérinaire en service ».Ici c’est un retraité donc…
On avale toujours tes récits avec un grand plaisir, toujours dans l’attente de la suite. Bravo de donner tous les détails mais par curiosité comment tu mets ton site à jour : wifi dans les villes ou 3G via un routeur 3G Wifi.
Amitiés
Pat et Pat
Attendez de voir ce qu’on vous réserve comme présentation pour le SVA 😉
Pour le site, je tape tout sur mon téléphone, et j’envoie. Hyon fait les relectures, qq mises en forme et publie.
Je n’ai pas d’ordinateur avec moi, juste un smartphone et dans chaque pays je prend une sim 3g…
Je ferai un article détaillé à mon retour, mais cette année, j’ai simplifié au max la high-tech en voyage…
meme sans technologie tu nous regale ,jmi, alors continu, et si j’ai bien compris tu es passe par le berceau de l’humanite et la naissance de l’homme ?
merci c’est « epoustouflant »tout est dit tres pedagogique…merci encore Mr le professeur!
Salut Jmi
J’espère que tu galères pas trop pour ton visa pour l’Arabie Saoudite, vu les relations entre chiites et sunnites. On recherche sur ton blog ton dernier trip en moto au Maroc après votre dernier voyage en Asie Centrale, on a pas trouvé.
Pat et Pat
» Ne se prononce pas » pour la première phrase…
Pour le voyage au maroc, en bas de la page du blog vous avez « archives des articles » et dans les catégories, dans « Autres voyages » vous trouvez « Maroc 2014 », j’espère que c’est assez clair !
C’est une galère le visa… J’essaye de trouver un moyen de sortir d’Afrique mais c’est très compliqué…
Toujours aussi sympa ton blog 🙂
Pour la vidange, j’espère que tu sais qu’il faut vidanger le moteur ET le cadre sur la DRZ. Tu as emporté plusieurs filtres à huile avec toi ?
Avant de partir, j’ai mis à nue cette moto pour la connaitre dans ses moindres détails…indispensable avant de partir en voyage motorisé ! Sur la « grosse » vidange, je vidange aussi l’emplacement du filtre à huile même 🙂
Je n’ai emporté AUCUNE pièce avec moi, rien. Pour le filtre à huile, je le change toute les 2 vidanges, la précédente, en Zambie, je ne l’avais pas changé. Ici, j’ai utilisé un filtre trouvé en route. J’ai fait le choix d’un DRZ car on trouve facilement les pièces partout justement, pour éviter d’en trimballer avec moi…
évidemment, c’est bête de ma part d’avoir pensé que tu n’avais pas pris ce genre de renseignements… Mais ça m’aurait embêté de savoir que tu te sois retrouvé en carafe à cause de ça.
Bonne route à toi et Lasty, profite bien !
Nan nan, y’a rien de bête…mais en plus des voyages, j’aime la méca, du coup, avant de partir, quelque soit le véhicule, on l’apprend 😉